L'époque de la colonisation française en Indochine est révolue, et il ne reste qu'une version défraîchie de sa gloire passée, à travers des architectures qui parsèment les trois pays de Vietnam, Cambodge et Laos.
L'époque de la colonisation française en Indochine est révolue, et il ne reste qu'une version défraîchie de sa gloire passée, à travers des architectures qui parsèment les trois pays de l'ex-Indochine. L'enfilade de maisons traditionnelles en bois, les temples en pierre richement décorés s'entremêlent aux bâtiments en brique avec balcons et fenêtres en bois qui rappellent les vieilles maisons parisiennes dans les rues de Luang Prabang. Dans le centre de Hanoi, les avenues bordées d'arbres des vieux quartiers tranquilles ont la forme des avenues des villes françaises. Ce sont là quelques-unes des traces visibles de l'architecture coloniale française au Vietnam, au Cambodge et au Laos.
1. Histoire de l'Indochine
L'Indochine française a été officiellement fondée en 1887 et se compose de trois régions du Viêt Nam : Cochinchine (Sud du Vietnam), Annam (Centre du Vietnam) et Tonkin (Nord du Vietnam) ; le Cambodge et le Laos (depuis 1893). Les trois pays sont restés sous domination française jusqu'en 1945. Puis, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Viêt Minh au Viêt Nam a entamé une révolte qui a donné lieu à la première guerre d'Indochine. La guerre s'est terminée par la bataille de Dien Bien Phu, et l'indépendance du Viêt Nam, du Cambodge et du Laos a été déclarée en 1954.
Actuellement, l'histoire de la guerre se dévoile en partie à travers des livres et des musées. Néanmoins, un autre aspect moins sombre et plus romantique de cette période reste subtil dans la vie quotidienne : son impact français sur l'architecture.
2. Architecture coloniale française au Vietnam
Il est fortement conseillé de ne pas manquer l'occasion de contempler les architectures coloniales françaises les plus fantastiques de Hanoi. Le Vieux Quartier abrite quelques-uns des plus beaux héritages architecturaux de l’ancienne Indochine. La capitale vietnamienne est généralement connue pour l'Opéra de Hanoi, une réplique du Palais Garnier, le plus ancien opéra de Paris; ou la cathédrale Saint-Joseph, de style néo-gothique, qui rappelle Notre-Dame de Paris. En outre, bien qu'ils soient fortement inspirés par le design français, la plupart des bâtiments, en particulier ceux de la fin de la période, ont réussi à inclure des détails asiatiques tels que des toits pointus avec des tuiles traditionnelles ou des décorations en bois, créant ainsi un style hybride. Ce dernier emprunte des éléments que l'on retrouve habituellement dans les temples et les pagodes vietnamiens. Esthétiquement unique, ce style est aussi fonctionnellement pratique et s'adapte bien à la chaleur et à l'humidité de l'été tropical de Hanoi.
Avant de porter le nom de la grande figure historique Ho Chi Minh, la métropole du Sud Vietnam qu’on appelle parfois encore chèrement Saigon était autrefois la Perle de l’Extrême-Orient des Français. Ils y ont construit de nombreux édifices, grands par la taille et délicats par la décoration, qui tiennent encore debout aujourd'hui et qui servent de sièges à l'administration publique ou d'attractions touristiques. En flânant les rues de Saigon, peut-être en cyclo-pousse si vous cherchez quelque chose d'un peu différent, vous passerez par la Cathédrale Notre Dame de Saigon du style roman mélangé au style gothique basé sur le modèle de Notre-Dame de Paris, la poste centrale de Saigon dont la charpente métallique fut conçue par Gustave Eiffel, l’Opéra municipal de Saigon dont la façade est inspiré du Petit Palais, le siège du Comité populaire qui imite l'hôtel de ville de Paris et des musées du style indochinois qui intégrèrent harmonieusement les éléments orientaux à la conception occidentale.
Le climat tropical torride de Saigon n’est pas quelque chose auquel les Français sont habitués. Du coup, il était essentiel pour le gouvernement colonial de trouver un lieu de villégiature potentiel, “une petite France à sa portée”, pour ses fonctionnaires et ses soldats. Et il a choisi Da Lat, la ville de l’éternel printemps. Les Français y ont construit des édifices art déco, des villas normandes, des chalets savoyards, des maisons basques, une cathédrale à la française ainsi que la gare de Da Lat inspirée de celle de Deauville et de la forme des montagnes de Langbian, ce qui donne à Da Lat l’apparence d’une ville provinciale française.
3. Architecture coloniale française au Cambodge
Le Cambodge était une colonie française de 1863 à 1953, et les influences de l'architecture européenne demeurent l'une des principales caractéristiques de nombreuses villes cambodgiennes, Battambang étant l'un des exemples les plus flagrants. Ces influences se concrétisent dans certains édifices publics ou villas élégantes dans la vieille partie du centre-ville, à travers des formes et décorations classiques, du choix de couleurs, de l'utilisation de balcons et porches, des toits en pente ornés ou des coins arrondis modernistes dans les bâtiments résidentiels.
Phnom Penh, la capitale du Cambodge, conserve également de belles architectures coloniales françaises, en particulier dans le centre de la ville. Les villas résidentiels et les bâtiments publics du début de cette période présentent un mélange éclectique d'influences européennes tandis que les structures plus récentes, comme le marché Phsar Thmei ou la gare de Phnom Penh, reflètent le mouvement Art déco et d'autres styles occidentaux. C'est également à cette époque que l'on trouve des édifices de style colonial traditionnel, comme le Musée national, qui s'inspirent fortement des thèmes traditionnels cambodgiens. Des modifications appropriées ont aussi été apportées à ces architectures pour les adapter au climat chaud et humide local, par exemple sur la façade du bureau de poste centrale. Certaines d'entre elles nécessitent une restauration immédiate, tandis que d'autres ont été préservées avec succès, comme le bureau de poste centrale, le bureau de l'UNESCO ou l'hôtel Raffles Le Royal.
De nombreuses autres villas à l'architecture coloniale française peuvent être trouvées dans le centre de la petite et paisible ville côtière de Kampot. Certaines ont été restaurées et transformées en bureaux administratifs, hôtels boutiques, restaurants et cafés, tandis que d’autres restent dans un état de délabrement. En se promenant dans cette ville endormie, il est difficile de croire qu’elle était le port principal du Cambodge avant Sihanoukville, compte tenu de son ambiance charmante et authentique qui semble à l'opposé de la ville portuaire animée de Sihanoukville.
4. Architecture coloniale française au Laos
L'exemple le plus frappant d'une fusion exceptionnelle entre la tradition asiatique et le style occidental en matière d'architecture se trouve au Musée du Palais Royal. Historiquement, c'était la résidence de la famille royale laotienne à Luang Prabang. Construit en brique avec des colonnes et des frontons influencés par les Beaux-Arts, le bâtiment conserve néanmoins un style architectural typiquement laotien dans son toit, sa flèche et ses décorations. D'autres maisons coloniales, plus simples, s'alignent le long de la rue principale, créant un caractère charmant qui rend Luang Prabang unique en Asie du Sud-Est.
Contrairement à Luang Prabang, à Vientiane, la capitale du Laos, l'héritage français est peu visible. Cependant, il reste un certain nombre de maisons construites dans le style d’architecture coloniale française que les visiteurs sont susceptibles de contempler, en particulier sur l'avenue Lan Xang, surnommée les "Champs d'Elysées" de Vientiane. Au bout de cette rue, vous trouverez certainement le Patuxai, une réplique de l'Arc de Triomphe à Paris, mais qui est entièrement décorée avec les motifs de la culture laotienne.
Situé au bord du Mékong, Savannakhet semble avoir sombré dans l'oubli. Tandis que les bâtiments de l’ère coloniale française à Luang Prabang sont restaurés et transformés en cafés, restaurants, boutiques et même en hôtels de charme, ceux du vieux quartier de Savannakhet sont laissés à l’abandon. Les architectures en ruines et l’absence des touristes y créent une atmosphère de mélancolie et de douceur, qui fascine les voyageurs nostalgiques. Heureusement, un bon nombre de ces belles bâtisses ont été préservées et remises en service ces dernières années ! Cette ville discrète est toujours une source d'inspiration qui mérite d'être explorée.
De nos jours, le Viêt Nam, le Cambodge et le Laos sont des pays en développement dynamiques. De nombreux bâtiments, petits et grands, sont établis chaque année, contribuant à changer le visage des métropoles animées, mais l'héritage colonial dans l'architecture joue toujours un rôle indispensable et fascinant dans de nombreuses villes, reflétant une période cruciale dans l'histoire de ces trois pays de l'ancienne Indochine.