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Évolution du Ao dai, symbole de la culture vietnamienne

Mis à jour le 29 décembre 2017
En plus de la beauté élégante, Ao dai est le symbole national du Vietnam. Cette tenue vietnamienne traditionnelle a vécu, par ailleurs, des changements considérables à travers les siècles, pour des raisons tant culturelle, historique qu’esthétique avant d’aboutir à sa forme actuelle.

En plus de la beauté élégante, Ao dai est le symbole national du Vietnam. Cette tenue vietnamienne traditionnelle a vécu, par ailleurs, des changements considérables à travers les siècles, pour des raisons tant culturelle, historique qu’esthétique avant d’aboutir à sa forme actuelle.

La forme du Ao Dai

Ao dai est un ensemble qui comprend une robe en soie moulante au niveau du buste, arrivant à mi-jambe, fendue de deux côtés jusqu’au dessus du bassin, et un pantalon. Cette robe est divisée en deux parties. Le top d'Ao dai couvre presque tout le corps. Le cou est serré du corps. Il comprend des manches longues et de deux pans descendants avec un col près du corps. Le bas est sous forme d'un pantalon large si long qu’il touche les pieds.

L’évolution du Ao dai

Avec sa longue histoire, le Ao dai a connu des multiples versions qui changent au fur et à mesure du développement de l’histoire vietnamien.

Quelques costumes des femmes vietnamiennes à l’époque médiéval (illustrées par Nancy Duong)



1. Les modèles précurseurs du Ao dai

L’origine - Tunique giao lanh : L’origine du Ao dai remontait à la tunique giao lanh. Distinguée par ses quatre longs tissus, cette tunique va avec une robe noire et longue.

18è siècle - Tunique tu than : Au fil du temps, la tunique giao lanh fit l’objet des changements pour laisser la place à la tunique tu than dont les tissus sont plus courts, adaptés notamment aux travaux champêtres. Les paysannes portaient généralement une jupe (vay) et une camisole (ao yem).

Les premières versions du Ao dai peuvent dater de 1744 lorsque l’empereur NGUYEN Phuc Khoat a décrété que les hommes et les femmes devaient porter un ensemble de pantalon et une robe boutonnés sur le devant. L’écrivain LE Quy Don (1726 – 1784) décrit le costume comme un Ao dai (longue chemise).

Selon un chercheur, Ao dai est également influencé par les costumes traditionnels des femmes Cham. À partir du 17è siècle, des seigneurs Nguyen arrivaient dans le Centre du pays et les Vietnamiens étaient au contact de la culture Cham très riche. Les robes traditionnelles à quatre pans des femmes ont alors intégré des traits exotiques des habits des locaux Chams, au point de devenir plus longues.

19è siècle – Tunique ngu than : C’était sous la dynastie du roi Gia Long (1802-1819) que la tunique vietnamienne à cinq tissus a vu le jour pour représenter l’habit des familles royales et mandarines, un signe de noblesse. Ngu en sino-vietnamien signifie « cinq ». Ao ngu than a une attaque lâche et a parfois de larges manches. Les porteuses peuvent afficher leur prospérité en mettant plusieurs couches de tissu, qui à cette époque étaient très coûteux.

2. Les premières versions contemporaines du Ao dai

Au 20è siècle, la tunique traditionnelle est influencée par la nouvelle culture, elle commence à s’inspirer de la mode européenne et tend à devenir plus belles et raffinées par rapport au siècle précédent. C'est le début d'une évolution plus proche du Ao dai d’aujourd’hui.

Les années 30 – Ao dai Lemur : Sous l’influence française, un nouveau mode de vie émerge pour la classe moyenne, celle de la culture urbaine et occidentale. Pour répondre à la demande du développement de la classe moyenne de la nouvelle bourgeoisie, le peintre hanoïen NGUYEN Cat Tuong ou Monsieur Lemur (« Lemur » est la traduction française de son prénom Tuong, qui signifie un « mur » en vietnamien) a crée la tunique ao dai Lemur. Ce modèle était associé à la « nouvelle femme moderne »  et à la « mode parisienne ».

Au lieu d’être fait de cinq pans de tissu, ao dai Lemur est fait de deux pans cousus ensemble et monté d’un col. Il est raccourci au mollet et les manches sont élargies pour faciliter la circulation du sang. Comme le ao Lemur prend les formes du corps, les femmes abandonnent la camisole ao yem pour adopter la brassière française.

La création de ce modèle était un scandale à l’époque car celles qui s’habillaient ainsi osaient s’afficher dans un vêtement qui dévoile les formes de leur corps. De plus elles portaient un pantalon blanc, ce qui était jusque-là uniquement réservé aux hommes.

Les années 30  – Ao dai Le Pho : Dans la même décennie, un artiste prénommé LE Pho a pris le ao Lemur pour lui apporter quelques changements. LE Pho épura le col et les manches dentelés pour y donner une forme plus proche du ao tu than traditionnel, mais en continuant de flatter le corps de la femme tel que Lemur a fait. Cette nouvelle variation s’approche plus d'Ao dai d’aujourd’hui.

Le ao Le Pho était un compromis entre la tradition et la modernité. Les femmes qui le portent se définissent respectant encore la tradition, mais ne rejettent pas pour autant la modernité.

3. Le développement de la mode Ao dai dans le Sud :

À partir de 1954, avec la séparation du pays par la Conférence de Genève, le Nord était sous le gouvernement communiste et le Sud, sous la République de Bao Dai, à qui NGO Dinh Diem succède rapidement.

Au Nord, il était mal vu de porter le Ao dai car il était associé à la bourgeoisie et au colonialisme. Le Ao dai était alors tombé dans la disgrâce, toutefois, il continuait à être porté au Sud et continue à évoluer.

1950–1960 – Ao dai aux manches raglan : Les couturiers saigonnais TRAN Kim et Dung créent le Ao dai avec des manches raglan (manche coupée en diagonale qui remonte jusqu’au cou). Ce style de manche élimine les lignes de plis du ao Lemur et du ao Le Pho. Ao dai devient plus resserré à la taille et aux manches, souligne ainsi encore plus qu’avant les lignes du corps féminin. Le col remonte plus haut pour restreindre les mouvements du cou de la femme et lui confère un air de bourgeoise.

Les années 1960 – Ao dai TRAN Le Xuan : TRAN Le Xuan, belle-sœur du président NGO Dinh Diem et Première dame de la République du Vietnam (le président était célibataire) donna une autre signification de la distinction pour la femme bourgeoise. Madame Xuan élimine complètement le col pour le remplacer avec un décolleté, qui dévoile la peau jusqu’à la base de son cou. Malgré des critiques de « décadence » vestimentaire de la femme, ce type de col s’est vu attribué le rôle symbolique de la « confiance en soi » et de la « libéralisation » des femme saïgonnaises et cela ouvrait des nouvelles voies d’évolution pour le Ao dai.

Dans la décennie suivante, le Ao dai subissait aussi des transformations d’inspiration de la mini-jupe américaine. Il remontait jusqu’au-dessus des genoux, mais cette mode n’avait pas duré longtemps. Par contre, une autre transformation de cette décennie est restée, celle de l’ouverture des pans au-dessus de la ligne du pantalon. L’ouverture laisse entrevoir un triangle de peau de la taille. Cette ouverture était aussi une « décadence », car elle donnait une nouvelle sensualité érotique au Ao dai. Durant cette décennie, des nouveaux modèles d’inspiration chinoise ont aussi commencé à apparaître. Le Ao dai pouvait se boutonner sur le devant au lieu d’être sur le côté.

4. Le Ao dai tombait dans la disgrâce

Après la réunification du Vietnam en 1975, le Ao dai, une « décadence capitaliste » ou « décadence bourgeoise », était mis au ban pour être remplacé par des vêtements simples et utilitaires (simple chemisier et pantalon). Ces nouveaux vêtements étaient nécessaires pour travailler et rebâtir le pays qui a souffert de 30 ans de guerre.

5. Le retour du Ao dai

En 1986, avec la politique Doi Moi (Renouveau), le Vietnam s’ouvre à l’économie du marché mondiale. Depuis cet époque, la consommation et l’intérêt pour la mode connaissent une explosion sans précédent. Des magazines de mode apparaîssent pour amener les tendances de la mode du monde au Vietnam. Le Ao dai revient en force pour représenter une mode distinctement et uniquement vietnamienne. À la fin des années 80, il est devenu plus populaire que jamais quand des entreprises publiques et les écoles ont commencé à adopter la robe comme un uniforme.

6. Ao dai contemporain

Ao dai a surmonté tous les défis pour devenir un « costume national », un symbole de la femme et la fierté du peuple. Il est également un ambassadeur culturel, historique et traditionnel.

Ao dai est porté par des reines de beauté, honoré des spectateurs internationaux.

Ce symbole de la grâce et de la beauté a inspiré les grandes maisons de design de mode telles que Richard Tyler, Claude Montana, Donna Karen, Christian Lacroix, Ralph Lauren, Calvin Klein, Roberto Vanno, Prada et Giorgio Armani.

Des femmes vietnamiennes portent toujours cette robe traditionnelle vietnamienne lors des cérémonies officielles, des conférences ou des mariages.

Au cours des dernières années, Ao dai est très populaire chez les jeunes, en particulier lors des fêtes du Nouvel An.

Conseils du spécialiste

Musée de Ao dai (jardin Long Thuân, 9e arrondissement, Ho Chi Minh ville) : Le musée de 20.000 m2 qui est bâti sur du bois ancien raconte une fascinante histoire à travers des décennies sur cette tenue traditionnelle. Plus de 60 différents modèles de le Ao dai y sont exposés. On y trouve par exemple les Ao dai de la famille royale, des femmes politiques et des artistes.

Maison de Ao dai Lan Huong (18 rue Au Co, Ha Noi) : Showroom de la créatrice de mode Lan Huong, petit musée du Ao dai et des accessoires.

Références :
- The Ao Dai Goes Global : How International Influences and Female Entrepreneurs Have Shaped Vietnam’s ‘’National Costume’’ - Ann Marie LESHKOWICH
- redtac.org


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