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Femmes girafes en Thaïlande : Rencontre des Kayans au long cou

Mis à jour le 4 septembre 2024

Les Kayan au long cou vivent dans les montagnes du nord de la Thaïlande. Avec des anneaux de laiton autour du cou, les femmes de cette tribu incarnent une tradition à la fois fascinante et controversée. Dans cet article, nous explorons l'histoire et la réalité des femmes girafes de Thaïlande.

1. Qui sont les femmes girafes en Thaïlande ? 

zoom sur le cou des femmes girafes en Thaïlande

Celles que l’on appelle communément les « femmes girafes » appartiennent à la tribu des Kayan Lahwi ou Kayan au long cou, le groupe le plus important du peuple Kayan. Les Kayan sont eux-même un sous-groupe des Karens rouges (Karenni), une minorité ethnique tibéto-birmane originaire du Myanmar (Birmanie). Là, ils vivent principalement dans les États de Kayan et de Shan avec une population totale de moins de 200 000 personnes.

Les Kayan Lahwi qui habitent actuellement en Thaïlande ne sont pas des autochtones, mais ont franchi la frontière depuis Myanmar pour trouver refuge. On entend aussi souvent le nom de Padaung, que les membres de la tribu au long cou dans le nord de la Thaïlande trouvent offensant, car il s'agit, à l’origine, d'un mot Shan utilisé pour se moquer de leurs femmes. Ils préfèrent être appelés Kayan.

2. Histoire de la tribu Kayan au long cou en Thaïlande

une femme girafe se remémorant sur un pont devant un village pauvre

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, en raison du conflit avec le régime militaire et des persécutions politiques au Myanmar, de nombreux membres des tribus Kayan ont fui vers la frontière avec la Thaïlande. Ils sont arrivés dans les régions montagneuses du nord de la Thaïlande, notamment dans la province de Mae Hong Son, où des camps de réfugiés ont été mis en place.

Le premier village des Kayans au long cou en Thaïlande est Huay Pu Keng, situé sur la rive de la rivière Pai. Puis, au fur et à mesure que leur population augmente, ils ont été déplacés vers deux autres villages : Huay Sua Tao, qui s’est transformé en un lieu touristique autosuffisant accessible par la route, et Baan Nai Soi, qui est relié au camp de réfugiés et inaccessible sans l'autorisation du gouvernement thaïlandais.

3. Coutume de port des colliers des femmes Kayan

Les femmes girafes sont reconnues par leur apparence unique avec le cou allongé enveloppé dans un collier-spirale en laiton. Contrairement à ce que le nom indique, les femmes Kayan ont un cou de longueur normale, comme tout le monde. C'est le poids des colliers en métal qu'elles portent en permanence qui pousse leurs épaules et leurs côtes vers le bas, créant ainsi l'illusion d'un cou plus long. Certaines femmes portent aussi des bracelets

enfantes de la tribu Kayan en Thaïlande portant des colliers en laiton

Les filles commencent à porter le collier vers l'âge de 5 ans. Chaque année, elles passent à une spirale plus longue, avec plus de spires ajoutées. Le nombre maximum de spires qu'elles peuvent porter n'est pas fixé, mais il peut aller jusqu'à 30 anneaux, pour un poids total de 15 kg, selon le Livre Guinness des records. En réalité, la plupart des femmes ne portent pas l'ensemble complet. De plus, le collier en métal peut être agressif pour la peau, c'est pourquoi elles mettent généralement un morceau de tissu en dessous.

Traditionnellement, les femmes girafes n'enlèvent que rarement leur collier, sauf lorsqu'elles doivent en changer, lors d'un accouchement ou d'un examen médical. Les femmes qui ont commis une mauvaise action et qui sont mises au ban de la société ne portent pas non plus de collier. Quand elles veulent se nettoyer le cou et les colliers, elles s'immergent dans de l'eau additionnée de quelques herbes.

Aujourd'hui, le port du collier est moins strict et dépend surtout d'un choix personnel. Lorsqu'elles atteignent l'âge adulte, les femmes Kayan peuvent choisir de continuer à les porter ou non. Aujourd'hui, de nombreuses jeunes femmes ne portent plus de collier, mais la tradition est maintenue par la génération plus âgée, qui s'y est habituée.

Le collier est enlevable. Vous avez peut-être entendu dire que leur cou ne tient pas sans leur collier, mais c'est un mythe et ce n'est tout simplement pas vrai. Cependant, après une longue période de port, la peau du cou devient plus douce et les femmes se sentent exposées quand leurs colliers sont enlevés, elles préfèrent donc continuer à les porter.

4. Pourquoi les femmes girafes portent-elles ces colliers ?

un ensemble de collier-spirale en laiton sur le cou d'une femme girafe en Thailande

Cette tradition remonte à si longtemps que personne n'est sûr de son origine. Mais il existe de nombreuses théories sur la raison pour laquelle les femmes girafes portent des colliers en cuivre autour de leur cou et aussi de leurs bras.

Selon un conte populaire, les colliers protègent les organes importants contre les morsures des tigres, en particulier pour les femmes et les enfants. Cette protection n'est pas seulement littérale, car cet animal est très répandu dans la jungle où les tribus vivent, mais aussi au niveau spirituel.

On croit également que c'est une prévention contre la traite des êtres humains. L'apparence inhabituelle des femmes girafes empêche des tribus rivales et des envahisseurs de les kidnapper et enclaver.

Une autre raison concerne la croyance sur le lien entre les Kayans et le dragon. Étant descendantes de la bête mythique, les femmes allongent leur cou et les membres afin de lui ressembler.

De cette façon, le cou et la silhouette élancés sont considérés comme plus attrayants aux yeux des Kayans. Cette idée de la beauté demeure prépondérante dans leur culture à travers les générations. Aujourd'hui, lorsqu'on pose la question aux femmes girafes, elles disent souvent que le port des colliers est motivé par l'identité culturelle et la beauté. 

5. Où se trouvent les villages des Kayan en Thaïlande ?

Il faut différencier 2 types de villages des Kayans au long cou en Thaïlande : les villages touristiques et les villages locaux.

5.1. Villages touristiques

petites sculptures en bois des femmes girafes vendues comme souvenirs dans un village touristique

Les villages touristiques sont installés par des autorités ou des hommes d'affaires pour attirer les voyageurs étrangers. On trouve des villages de ce genre à Chiang Rai, à Chiang Mai et même, avant le Covid, à Pattaya. Il y a des rangées d'échoppes où les femmes girafes vendent leurs produits artisanaux et des souvenirs. Si vous n’avez pas de temps ou de moyens, la visite d’un village touristique est votre meilleure option. Le droit d'entrée d’un village coûte 300 bahts par personne.

Le village de Chiang Rai se trouve à Nang Lae, dans une union de 5 tribus montagnardes Akha, Iu Mien, Lahu, Kayan et Kayaw. Il a l’air commercialisé, étant un arrêt populaire entre Chiang Rai et Chiang Mai. 

À Chiang Mai, il y a deux villages à Mae Rim et Mae Taeng. Ces villages ne se situent qu’à 30 minutes au Nord de Chiang Mai. Le plus grand village appelé Baan Tong Luang est actuellement fermé à cause du Covid.

5.2. Villages locaux

Par contre, si vous souhaitez faire l’expérience de la vie authentique des Kayan au long cou, vous devez aller dans un village local. Il y a 3 villages à Mae Hong Son, près de la frontière, où les premiers réfugiés sont arrivés en Thaïlande. À l'exception de Baan Nai Soi, les deux autres villages sont accessibles aux visiteurs. 

village Huay Pu Keng des Kayan au long cou situé au bord de la rivière Pai

Huay Pu Keng est le premier et le plus grand village des Kayan de la province. Situé au bord de la rivière Pai, il n’est accessible qu’en bateau. Pour s’y rendre, vous devez d’abord aller à l’embarcadère de Huai Dua puis prendre un bateau à longue queue vers Huay Pu Keng (où Baan Nam Piang Din comme l'appellent les Thaïlandais). Un bateau peut transporter 6 personnes de taille européenne. Il faut environ 30 minutes pour atteindre la destination (40 minutes pour le retour) et 600 bahts pour un aller-retour. Attention, si le niveau de la rivière est trop bas ou trop élevé, vous ne pouvez pas la traverser.

Vous devez payer les frais d’entrée, comme tous les autres villages de Kayan en Thaïlande, ceci à 250 bahts. À l’entrée du village, il y a aussi des échoppes de souvenirs, mais ne soyez pas découragés, lorsque vous les passez tous, vous verrez le vrai lieu où les membres de la tribu mènent leur vie quotidienne. Vous y verrez des hommes faire de la menuiserie, des femmes tisser, des enfants s'amuser et des animaux flâner. 

des garçons jouant au foot devant des maisons en bois dans le village de Huay Pu Keng

Une autre option est le village de Baan Sua Tao, ouvert depuis 1995. Il est plus petit que Huay Pu Keng et ressemble plutôt à un marché touristique. Pourtant, ce village est à seulement 12 km du centre-ville et est accessible par la route.

6. Faut-il visiter les villages des femmes girafes ?

Les villages des Kayan au long cou sont un sujet de controverse. Le HCR les appelle des « zoos humains » et encourage un boycotte. Cependant, il existe également des reportages dans lesquels des villageois invitent les gens à venir leur rendre visite.

En réalité, comme les Kayan sont des réfugiés du Myanmar et qu'il est pratiquement impossible pour eux d'obtenir la nationalité thaïlandaise, ils ne peuvent pas quitter la région, l'emploi est largement interdit et les perspectives d'avenir sont sombres. Les villages leur offrent un moyen, le seul même, de gagner leur vie. 

En effet, lorsque le Covid a interrompu la venue des touristes, ils ont été durement touchés et se sont tournés vers l'agriculture, les emplois précaires mal rémunérés ou sont retournés au Myanmar où le junta règne. Maintenant que les touristes sont de retour, ils reviennent.

7. Que faire pour une visite éthique et responsable ?

Il est essentiel de s'assurer que votre visite bénéficie directement aux villageois. Pour ce faire, il faut :  

  • Faire des recherches approfondies avant votre voyage pour mieux comprendre leur situation.
  • Choisir une agence de voyage responsable avec un guide local qui pourra vous faire visiter leur village.
  • Passer du temps avec les habitants, leur parler et écouter leur histoire… Ne vous contentez pas d'être là pour prendre une photo rapide.
  • Apprendre leur mode de vie, leur culture et leur artisanat. Les Kayan ne se résument pas à leur long cou. Les hommes peuvent construire des maisons en utilisant du bois de teck, du bambou et des feuilles. Ils utilisent également le bambou pour fabriquer des meubles. Les femmes tressent des paniers, qui sont ensuite utilisés dans les champs ou pour sécher le riz. Elles sont également expertes dans l'art du tissage et peuvent créer des tissus complexes, qui constituent la base des vêtements traditionnels. 

une femme girafe tissant

  • Acheter des produits artisanaux et des souvenirs. Tout l'argent des échoppes va directement aux villageois. Cela représente une importante source de revenus pour eux.
  • Apporter des cadeaux pour les enfants du village, et, si vous avez du temps, se porter volontaire pour les aider dans le village, par exemple en enseignant aux enfants.

En conclusion, les villages des femmes girafes en Thaïlande sont beaucoup plus compliqués qu'un piège à touristes et les ignorer n'est pas la solution. Une visite de manière éthique et responsable fournit non seulement aux membres de la tribu un soutien financier pour poursuivre leur éducation et bénéficier de meilleures opportunités, mais vous permet également de découvrir une culture unique et fascinante qui se bat pour perdurer. Contactez-nous pour planifier votre prochain voyage en Thaïlande.


Author
Écrit par

Anne

Diplômée de l'Université des Langues et des Études étrangères, je travaille depuis plus de 5 ans comme marketeuse pour Asiatica Travel. J'aspire à partager avec vous la beauté cachée du Vietnam, du Cambodge et du Laos et à vous fournir des informations utiles pour votre prochaine aventure dans ce coin du monde.

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