Les origines
On date les débuts de la civilisation Khmère au VIIème siècle. Malheureusement il n’en reste quasiment aucune trace car toutes les constructions étaient en bois. Il faudra attendre le IXème et l’utilisation massive de pierres de grès pour conserver des traces de la grandeur de cet empire.
C’est au IXème siècle que seront édifiés les premiers bâtiments en briques comme le Préah Kô, quelques années avant l’édification du premier temple-montagne en grès par le roi Jayavarman II qui choisit d’assoir son pouvoir en créant une nouvelle capitale au nord du grand lac de Tonle Sap. Cette situation géographique permet de bénéficier des richesses du lac en poissons et de la possibilité d’irriguer de vastes rizières. L’ensemble des temples qui sera alors bâti sert à unifier l’empire. Ils affirment également la puissance royale qui est à la fois religieuse et politique, le roi étant le représentant des dieux sur terre. La religion officielle, au départ brahmanique deviendra bouddhiste sous diverses formes au cours de l’Histoire.
La capitale centrale pourra abriter au fil de l’histoire de 800 000 à près d’un million d’habitants. Chaque souverain est un roi-bâtisseur, édifiant de nouveaux temples, déplaçant même parfois le centre de la capitale, organisant tout autour des cités immenses, et construisant au fil des siècles un système hydrolique gigantesque permettant l’irrigation des cultures et la maitrise des inondations dues à la mousson. On en retrouve encore aujourd’hui la trace avec les douves aux dimensions impressionnantes et les barays autour des grands temples.
La puissance Khmère
L’âge d’or de la civilisation Khmère et d’Angkor, son centre politique et religieux, durera 6 siècles, jusqu’en 1431 date de l’abandon du site. Son histoire et son développement architectural sont intimement liés à la volonté des rois qui se succèdent.
Angkor Vat, le plus grand et le mieux restauré des temples, véritable emblème du Cambodge, a été bâti sous le règne de Suryavarman II à partir de 1113. Il allait offrir au monde l’exemple le plus parfait de l’Art Khmère qui attire aujourd’hui plus d’un million de visiteurs par an. Le roi Jayavarman VII (1181-1218), vainqueur triomphant contre les Chams, fut un grand bâtisseur, offrant à Angkor le spectaculaire Bayon avec ses tours à quatre visages au sein d’Angkor Thom, et le temple Ta Prohm en hommage à sa mère. Souverain encore aimé par le peuple pour avoir construit de nombreux hôpitaux, il institua le Bouddhisme comme religion d’état, ce qui modifia profondément la morphologie d’Ankgor.
Le déclin et l’abandon d’Angkor
Les scientifiques butent encore sur l’énigme du déclin d’Ankgor et de l’extinction progressive de la civilisation Khmère. Une des premières raisons est la sessession des Thaïs, et leur puissance retrouvée en leur royaume de Siam à Sukhotai. Ils occupent Angkor en 1431 et en détruisent ses protections religieuses et ses digues. Les dernières missions scientifiques internationales, qui ont scanné au laser tout le site d’Angkor, émettent l’hypothèse de changements climatiques brutaux. De violentes moussons alternant avec de très longues périodes de sécheresses auraient rendu inutilisable le génial et titanesque système d’irrigation des cités-temples. Les rois quittèrent alors Angkor pour se replier dans la plaine du Mékong puis au Sud du Grand-Lac. La jungle pu prendre sa revanche et commença lentement à se réapproprier le site en submergeant les pierres.
La Renaissance et la Reconnaissance
Cité par un dominicain espagnol au début du XVIIème siècle, le royaume abandonné est à nouveau l’objet de toutes les attentions à partir de la moitié du XIXème. Les travaux, par exemple, du naturaliste français Henri Mouhot permettront à nos contemporains de prendre la mesure de ce trésor inestimable. Depuis plus d’un siècle d’ailleurs, l’archéologie française a contribué à la restauration et à la compréhension de ce joyau, notamment avec la présence de l’Ecole Française d’Extrême-Orient.
Inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’Unesco, Angkor doit toujours affronter des périls passés et présents qui fragilisent son futur : le pillage à grande échelle, les ravages de la guerre ainsi que sa protection face au tourisme de masse. Heureusement, tout est fait par les organismes officiels cambodgiens, aidés par la communauté scientifique internationale, pour préserver ce trésor impressionnant, somptueux qui désormais appartient à l’Humanité entière.